Présentation
Testeur :
Thibault R – Non sponsorisé
Usage du Test :
Pêche de la perche en canal et de la truite en moyenne rivière
Données constructeur :
Spinning – 198cm / 6’6″ – 2 brins (102cm d’encombrement) – 90g – 2/7g de puissance – Action Moderate – 9 anneaux
Données Fish And Test :
196,4 cm – 103,2cm d’encombrement – 96g
Savage Gear est une marque extrêmement réputée pour la pêche du brochet, force est de le reconnaître. Elle s’est même quasiment spécialisée dans cette pratique et c’est pourquoi j’ai été assez surpris de découvrir qu’il existait une canne légère dans leur gamme. Il s’agit de la Savage Black Spin 6’6″ d’une puissance de 2-7g et il faut bien avouer que cette plage de puissance est assez peu commune pour traquer l’Esox Lucius. Indiquée comme possédant une action medium je me la suis néanmoins procurée en 2017 car j’avais besoin d’une canne light pour pêcher la perche au crankbait en streetfishing et la truite à la cuillère. Je vous livre donc sans plus tarder mon ressenti sur la Black Savage (on dirait un nom de parfum, je vous l’accorde) que j’ai utilisée pour pêcher la perche en canal mais aussi la truite en moyenne rivière.
Construction
La première chose qui m’a plu lorsque j’ai vu la Black Savage Spin est son design sobre et soigné. Bien entendu la beauté est, comme chacun le sait, purement subjective mais, sans non plus aller jusqu’à parler de beauté, je trouve tout de même que la canne de Savage Gear bénéficie d’un certain esthétisme. De fait, celle-ci possède un « blank » (le corps de la canne) d’un noir mat très sobre et relativement discret. Toutefois, sa poignée et son « butt » (son fondement) arborent des motifs « camos » (de camouflage) noirs et gris à l’apparence plus ou moins militaire. Mais je ne m’attarderai pas sur ce point afin que chacun puisse se forger sa propre opinion de l’objet. A noter qu’elle est vendue dans une housse noire et souple de qualité moyenne car celle-ci se froisse très rapidement et se décolore au fil du temps.
C’est hélas au niveau des matériaux de construction employés que ca se gâte… La Black Savage possède une poignée et un butt en mousse EVA (Éthylène-acétate de vinyle), c’est-à-dire un copolymère lisse et dense. Le porte-moulinet mesure 18,6cm de long, poignée comprise. Il s’agit d’un Tournament SG à l’aspect noir et vernis qui s’est révélé être très fragile durant les tests. En effet, alors que je pêchais la truite un jour pluvieux à peine un mois après l’avoir achetée, j’ai voulu dévisser le porte moulinet mais celui-ci s’est désolidarisé de la bague vissante qui resta coincée, bloquant le moulinet sur la canne… Il me fallut utiliser un tournevis pour forcer la bague et récupérer mon moulin ! Inutile de préciser que c’est extrêmement décevant.
Du côté du blank, celui-ci est censé être constitué de carbone haut module, c’est-à-dire d’un carbone bénéficiant d’une faible extension de ses fibres lorsqu’on y exerce une contrainte (en générale la tirée d’un poisson) et qui donc possède une certaine rigidité. Cependant cette canne est annoncée par le constructeur en personne comme possédant une action medium, c’est-à-dire semi-parabolique. Il est donc possible que ce soit du carbone de bas module ou de module intermédiaire qui soit employé pour la Black Savage Spin qui est de fait très souple. Une autre hypothèse qui pourrait expliquer cette souplesse serait un alliage avec de la fibre de verre en quantité ou alors un ajout trop important de résine au carbone haut module. Le problème de ce blank entièrement recouvert de vernis noir mat est qu’il s’est révélé être très fragile. J’ai en effet cassé deux fois au même endroit mon scion juste au dessus de l’emmanchement ! Une première fois sur une perche de 30cm que j’ai « dropé » (soulevé) et une autre fois en ferrant une truite de 35cm le frein un peu serré en raison des obstacles… C’est une performance médiocre qui ne peut être compensée par l’efficacité du SAV qui m’a à chaque fois renvoyé un scion neuf.
En ce qui concerne la « technologie » utilisée pour permettre le raccord des deux brins égaux, il s’agit d’un emmanchement inversé. Cela veut dire que c’est le haut du premier brin qui s’insère dans le bas du scion. C’est l’emmanchement que l’on retrouve généralement sur l’entrée de gamme et même s’il est bien travaillé (je n’ai constaté aucun jeu après 3 ans d’utilisation) il casse un peu l’action de la canne.
Au niveau des anneaux au nombre de 9, leurs diamètres varient de 12mm pour le premier à 4mm pour celui de tête. Adaptés à la tresse, ce sont des anneaux monopattes, cela signifie qu’ils sont fixés au blank par une seule ligature située dans ce cas sous eux de manière très classique. Ils ne m’ont pas fait défaut mais une très épaisse couche de vernis mat les recouvre ce qui crée des renflements à ce niveau, alourdissant donc un peu l’ensemble qui pèse 96g en réalité et non 90 comme annoncé. La canne est d’autre part moyennement équilibrée, son point d’équilibre sans moulinet se trouvant au niveau des inscriptions sur le blank au dessus du porte-moulinet. Il conviendra par ailleurs de l’équiper d’un moulin en taille 2000 voire 2500 selon les marques et les modèles.
Ci-dessus un des deux scions cassés
Pour vous donner quelques mesures le talon est comme sur la quasi-totalité des cannes en deux parties : du bas du porte-moulinet à l’extrémité inférieure de la canne il y a 19,2cm ce qui est assez court tandis que le butt en EVA mesure 8,1 cm de long et possède un diamètre de 28mm au bout. Malgré le problème de bague vissante la prise en main est tout de même assez agréable grâce à un petit renfoncement de la mousse juste avant le blank. La poignée est d’ailleurs surmontée d’un petit anneau métallique servant d’accroche leurre ce qui est pratique.
Performances
Pour rappel, j’ai acheté cette canne à l’origine pour pêcher la truite à la cuillère en moyenne rivière et la perche au crankbait en canal du fait de son action prétendument « medium ». L’action de la Savage Gear Black Savage Spin est annoncée comme étant semi-parabolique est c’est le cas. Ce n’est pas mon action préférée mais elle permet d’utiliser plus aisément les cuillères tournantes, les petits crankbaits et les imitations d’insectes en surface. Le problème est que l’on pourrait la qualifier de « nouille » comme certains disent… En effet, son premier brin (côté scion) est très souple tandis que l’autre est relativement rigide. Cela donne une action hybride assez peu pratique car une véritable semi-parabolique plierait de manière mieux répartie, or là c’est tout à fait inégal et peu agréable : c’est comme si sur une même canne il y avait deux actions différentes !
En termes de sensibilité je ne vous cache pas que ce n’est pas un foudre de guerre… Même si une canne annoncée comme medium est normalement assez peu résonante là c’est catastrophique, la Black Savage absorbe quasiment toutes les données subaquatiques et surtout nous empêche de bien sentir les touches ce qui est problématique ! Elle n’absorbe cependant pas toutes les vibrations et cela a pour effet, lorsque l’on pêche au crankbait avec par exemple, de sentir son poignet vibrer sans avoir d’informations sur ce qui se passe sous l’eau. Par ailleurs, n’essayez même pas de pêcher au poisson-nageur, au leurre souple ou en drop-shot avec votre Savage Gear car vous aurez les plus grandes difficultés du monde à les animer correctement !
La puissance de cette Black Savage Spin est annoncée à 2-7g mais elle est un peu sous-estimée et je l’évaluerais plutôt comme une 3-10g. D’autre part, elle possède une réserve de puissance assez moyenne qui est due au fait que le scion est trop souple pour bien contrer des rushs violents. Elle plie d’ailleurs très vite sur quasiment toute sa longueur et on se retrouve alors pris de court avec certains gros poissons. Évitez donc de pêcher des milieux encombrés et ne serrez pas trop votre frein, ça sera la seule manière d’espérer pouvoir sortir un beau sujet ! Son leurre de prédilection est l’insecte souple de surface que j’utilise beaucoup en été pour pêcher le chevesne à vue (comme tout le monde me direz-vous). Il y a deux raisons à cela : il n’y a pas besoin ou presque de l’animer et la pointe souple de la Savage Gear permet de décaler les ferrages en laissant bien les poissons se saisir du leurre.
Au niveau des ferrages, rien n’est plus incertain : si vous parvenez à sentir la touche sans confondre avec le fond (bonne chance) il convient d’attendre que le poisson se soit bien saisi du leurre avant de ferrer amplement mais surtout pas trop fort…. En effet, la Black Savage Spin semble non seulement avoir la capacité d’annuler l’effet « auto-ferrant » des leurres à cranker (lipless, crankbaits, cuillères tournantes…) mais elle est surtout très fragile : comme je l’ai dit précédemment c’est en ferrant un peu trop généreusement, le frein serré en raison des obstacles que j’ai cassé pour la seconde fois mon scion sur un poisson de taille assez moyenne. Ainsi le ferrage n’est pas impossible mais simplement difficile, soyez rassurés. Lors des combats, si votre frein n’est pas trop serré, son action va tout de même amortir les coups de tête des poissons et limiter les décrochés, j’irais même jusqu’à dire que ça n’est pas si désagréable. J’ai d’ailleurs sorti de nombreux salmonidés et carnassiers avec mais n’importe quelle autre canne aurait pu faire pareil.
C’est néanmoins à propos des distances de lancers qu’elle se rattrape car elle s’est révélée être une excellente lanceuse. La glisse dans les anneaux n’est pas des plus parfaites mais leurs diamètres assez larges permet de propulser des leurres de 10g à 25 voire 30 mètres en fouettant bien. C’est toutefois parfaitement inutile car sa courte taille (196.4cm en réalité) et son action molle empêchent tout ferrage efficace à trop grande distance.
Rapport Performances / Prix
La Savage Gear Black Savage Spin est vendue au prix de 84.9 euros. C’est tout de même une somme pour une canne si médiocre. Même si elle bénéficie d’un design sympathique, elle est fragile que ce soit au niveau du scion ou du porte-moulinet. De plus, son action est molle en pointe tandis que le premier brin est assez rigide ce qui interdit l’utilisation de la plupart des leurres connus de manière efficace. Les ferrages peuvent vite rendre fous tellement il est difficile de bien les doser et le seul domaine où elle ne s’en sort pas trop mal est la pêche à vue à l’insecte en surface car sa souplesse permet de décaler le ferrage pour bien laisser le temps au poisson de se piquer. En bref, non je ne recommande pas ce produit qui est même trop cher pour un débutant avec un petit budget !
points forts
- Distances de lancer
points faibles
- Fragilité abusive
- Prix
- Finitions moyennes
- Puissance sous-évaluée
- Action molle
Conclusion
La Savage Gear Black Savage Spin en 2-7g est canne spinning semi-parabolique aux performances médiocres. Tout commence par sa fragilité : le scion s’est brisé deux fois en action de pêche et la bague vissante s’est tout simplement décollée du porte-moulinet après un mois d’utilisation. Elle possède tout de même un design sympathique mais pâtit d’un usage excessif de vernis.