Retour à la catégorie Carnassiers

Interview de Louis sur de la conception du Biotop Stick @Fiiish

Carnassiers
 | 
L'équipe Fish and Test

Introduction : 

Fiiish a présenté, lors du salon de Clermont 2023, sa nouveauté : Le Biotop Stick. Un leurre de surface dont le plastique est biodégradable. Attirés par cette démarche écoresponsable, nous avons voulu en savoir plus et nous avons rencontré Louis Leveuf, qui s’occupe de la R&D chez la marque bretonne.

Retrouve l’interview complète en vidéo ci-dessous :

Trouve le Biotop Stick de Fiiish chez nos partenaires:

Retrouve l’interview en version écrite ci-après :

Salut Louis, merci de nous recevoir et de nous consacrer un peu de temps pour nous présenter votre nouveau leurre chez Fiiish. Mais avant, peux-tu te présenter à nos lecteurs? 

Louis: Salut Fred, merci pour cette interview. Je suis directeur technique et scientifique chez Fiiish. Je gère la partie R&D (Recherche et Développement), tout le service produit, où l’on est aujourd’hui 5 à travailler à plein temps, plus les interventions de Math, créateur de la marque et gérant qui est toujours le principal designer de nos produits On a aussi un ingénieur halieutique et Victor en designer produit. Donc une belle équipe assez jeune. 

Peut-être qu’il y a des pêcheurs qui ne connaissent pas encore Fiiish. Est-ce que tu peux nous présenter votre marque et vos concepts ? 

On voit au bord de l’eau que la marque Black Minnow est presque plus connue que la marque Fiiish pourtant c’est bien Fiiish qui a créé le Black Minnow. On est concepteurs/développeurs de leurres et c’est pour ça qu’on a un service produit qui fait tous les développements. Des produits qui sont donc conçus en Bretagne, avec des testeurs à travers la France et à travers l’Europe. On est une société bretonne, basée du côté de Brest, qui fait vivre tout l’environnement breton local. Aujourd’hui, on est une vingtaine de personnes à travailler chez Fiiish.

Tu nous as parlé du Black Minnow, l’incontournable. Il y avait déjà l’idée d’éviter de laisser du plomb au fond de l’eau. Et donc, vous revenez avec un leurre de surface, un stickbait en plastique biodégradable. Est-ce que tu peux nous présenter votre nouveau leurre : le Biotop Stick ?

C’est vrai que c’était quand même une volonté de départ. Si l’on reprend un peu l’histoire de Fiiish, c’est Mathieu (NDLR : le fondateur) qui était revenu vivre en Bretagne après avoir travaillé pas mal de temps à Paris. Il commence à pêcher du côté de Loctudy, la sortie de la rivière, où il y a beaucoup de roches, beaucoup d’algues et il devait aller pêcher près du fond. Du coup, il perdait beaucoup de leurres et c’est là où il a commencé à développer ce système-là. Donc le Black Minnow est développé pour les pêches près du fond, pour perdre moins de leurres et passer dans les endroits où les autres leurres ne passaient pas. Donc pour en revenir à ta question initiale, oui ça fait vraiment partie de l’ADN de Fiiish. Concernant le Biotop Stick, c’est un leurre de surface. Ça faisait longtemps qu’on nous le demandait. On est quand même, je pense, parmi les marques expertes pour la pêche du bar, notamment en Europe. Et le leurre de surface fait partie des incontournables à avoir pour pêcher le bar. Rapidement, on a réussi à faire un leurre qui fonctionnait bien, qui prenait vraiment du poisson. Ça se lançait bien et ça s’animait facilement, ce qui est en gros le cahier des charges d’un stickbait classique. Mais pour nous, ce n’était pas encore assez. On n’avait pas un stickbait qui se démarquait du marché. À partir de 2018, en parallèle, on a pris un virage dans le développement pour être beaucoup plus responsable d’un point de vue environnemental. On s’est donné le challenge de faire ce Stickbait dans un plastique qui serait biodégradable dans la mer. C’est comme ça qu’on est reparti en 2018 sur la continuité de ce projet leurre de surface et de 2018 à 2022, on a travaillé pour réussir à développer ça. 

Du coup, vous étiez arrivés à un leurre abouti, mais pour vous, pas assez concurrentiel. Donc vous êtes allés chercher cet aspect ecofriendly. On apprend que vous avez trouvé une matière qui est donc biosourcée ET biodégradable. Est-ce que tu peux nous décrire un peu plus précisément ce que ça veut dire ?

Habituellement les matières plastiques, celles qui sont présentes partout dans le quotidien,  sont préparées à partir de pétrole. Et donc, pour les synthétiser, on est obligés d’extraire du pétrole, de le transformer chimiquement pour pouvoir faire ces matières plastiques. D’ailleurs, on entend parler aujourd’hui d’une raréfaction du pétrole. On se rend compte que c’est une ressource qui est en quantité finie. Depuis quelques années maintenant, il y a des matières dites biosourcées qui se développent. Bien souvent, ces matières vont être synthétisées par des bactéries. Certaines bactéries, en s’alimentant, vont générer des molécules de plastique. Des molécules polymères en elles, qui vont pouvoir être ensuite utilisées et transformées, comme n’importe quel plastique. On parle là de plastiques biosourcés, parce qu’on n’est pas issu du pétrole. On a choisi un de ces plastiques-là pour viser le côté pérenne, qu’on puisse en bénéficier pendant des années sans impacter les stocks de pétrole qui nous seront précieux dans les années à venir. Ensuite, biodégradable. La biodégradation, c’est quelque chose qu’on entend partout maintenant, à tort et à travers. Cela signifie que la matière plastique va se dégrader dans le milieu, dans un environnement. Or, les plastiques traditionnels vont se dégrader en microplastiques dans une taille plus ou moins grande. Mais ce n’est pas suffisant, parce qu’il reste une pollution plastique. Même s’ils disparaissent visuellement, en tout cas à notre échelle. Ils sont toujours présents et entraînent des pollutions. Donc une fois que les plastiques se sont dégradés en microplastiques, il existe quelques bactéries capables de bioassimiler ces molécules. Ces matières-là sont alors considérées comme biodégradables dans le milieu où sont présentes ces bactéries. Il va vraiment y avoir les deux phases : la phase de dégradation, qui va être de l’érosion, l’influence de la lune (je pense qu’on a tous connu la chaise de jardin qui cassait au bout d’un certain temps). Ça va être également l’influence chimique de l’eau ou le frottement contre le sable. Toutes ces choses-là vont dégrader le plastique en microplastique et ensuite, les bactéries sont capables de les manger. Et nous, justement, ce qu’on a cherché à faire, c’est de sélectionner le bon plastique qui est capable d’être vraiment assimilé par des bactéries présentes dans le milieu marin et c’est aussi vrai du coup en eau douce. 

D’accord, de toute façon en eau douce, si jamais le plastique venait à rester, il va se dégrader naturellement par érosion comme tu le disais et finir dans l’océan à un moment ou un autre ? 

Oui, ça se peut, mais si par exemple il finit dans la couche de sédiments. Il va être enfoui dans la vase, tu ne vas pas avoir les mêmes bactéries et donc c’est important aussi de choisir des plastiques, qui, dans ces conditions-là, peuvent se dégrader. La biodégradation est toujours liée à un milieu, par rapport à des bactéries. Il y a des plastiques qui se biodégradent bien plus facilement que d’autres et qui vont avoir plus de milieux dans lesquels ils vont pouvoir être biodégradés. Nous, on a fait le choix assez drastique d’en choisir un qui soit capable de se dégrader en milieu marin, parce que généralement, ceux qui sont capables de se dégrader dans le milieu marin sont aussi biodégradables en compost et en compost domestique, c’est-à-dire à la maison dans de la terre, donc dans de la vase, etc. 

On pourrait s’interroger sur  l’intérêt de choisir un Stick Bait, puisque finalement c’est certainement le leurre qu’on va le moins perdre.

Oui, c’est vrai que c’est un leurre qu’on perd moins, mais c’était un sujet qui était sur la table et qui servait de domaine expérimental. On aurait développé un leurre à bavette, on aurait essayé de le rendre biodégradable. Là, il se trouvait qu’on était en développement d’un stickbait, donc c’est celui-ci qui a été choisi. Mais l’objectif était de maîtriser cette technologie, de la développer et maintenant qu’on la possède, on va pouvoir la décliner sur d’autres formats. Donc oui, ça en fait parler certains le fait qu’on ait choisi, pour un leurre biodégradable, un leurre de surface. Mais c’est une très bonne façon pour nous d’expérimenter ça.

Je voudrais revenir un petit peu sur la question de l’origine biosourcée du matériau. On dépendrait alors de l’agriculture pour obtenir notre matière première. Peux-tu nous en dire plus ? 

Il y a de nombreuses bactéries capables de synthétiser ce genre de plastique. Il y en a qui proviennent de la mer, il y en a qui proviennent de la terre et effectivement, ce qui est le plus couramment utilisé, ce sont des sucres présents dans la canne à sucre ou dans le maïs pour donner à manger à ces bactéries, pour qu’elle synthétise le plastique. Dans ce cas-là, on pourrait se dire qu’on va faire concurrence à l’alimentation humaine et l’on risque d’en manquer aussi, parce qu’on est de plus en plus nombreux. Le risque est de devoir faire de plus en plus de cultures intensives, de déforester pour pouvoir produire ces plastiques-là. Donc ça, ça faisait partie des préoccupations des scientifiques autour de ces matières. Maintenant qu’on maîtrise mieux leurs productions, tout le travail est de faire attention justement à l’origine de l’alimentation de ces bactéries. Par contre, chaque fournisseur de matière garde secret le type de bactérie qu’il utilise et comment il les nourrit. Malheureusement, ça fait partie de leurs secrets internes. Ce sont des matières qui sont très confidentielles et il n’y a pas beaucoup de producteurs. Par contre, certains s’engagent justement à ne pas aller sur ces terrains-là, à faire attention à ce que justement leur production soit la plus écologique. Et donc nous, dans notre sélection de fournisseurs, on a fait attention à ce qu’ils nous certifient que leur matière n’a pas été développée grâce à des cultures intensives et polluantes. Même si pour le moment, cela reste des volumes de matière qui sont ridiculement faibles au niveau de la production. On estime que la production de ces matières va exploser dans les années à venir. Donc c’est une réponse où je ne te dis pas oui, je ne te dis pas non, mais on est conscient de ça, la communauté scientifique est consciente de ça, les producteurs qui fabriquent ces matériaux-là sont également conscients de ça. Ils travaillent pour que justement, ce soit vraiment quelque chose que l’on puisse utiliser pendant des années et des années sans rajouter de problématique. 

Concrètement, au bout de combien de temps ce leurre va-t-il se dégrader dans le milieu ? Est-ce que ça impacte le pêcheur, par exemple, dans le stockage du leurre ? Est-ce qu’il y a des précautions à prendre ? Est-ce qu’il faut par exemple sécher le leurre et/ou le rincer pour éviter que ça se décompose dans les boîtes ?

Non, heureusement! Comme je le disais tout à l’heure, la biodégradation a lieu dans des conditions très particulières. Il faut qu’il y ait des bactéries qui soient présentes. Vous allez me dire : “Oui, mais quand j’ai mon leurre dans l’eau, il y a forcément des bactéries qui sont présentes.” Oui, c’est vrai ! Mais l’avantage du plastique que l’on a choisi, c’est que ce n’est pas l’eau qui va biodégrader les chaînes de plastique en chaînes polymères. Pour le coup, ce sont les enzymes produites par les bactéries. Et donc, pour que ça se fasse, il faut laisser le temps aux bactéries de s’accrocher au leurre et qu’elle ait le temps de le digérer. Donc concrètement, quand on l’utilise en lancer/ramener dans l’eau, même si on le met dans notre boîte de pêche, non rincé, encore mouillé, ça ne va rien changer. On verra peut-être, si certains le gardent encore 50 ans. Est-ce que la surface ne sera pas devenue un petit peu poreuse? Je ne sais pas. Mais à l’échelle de la vie d’un leurre classique pour un pêcheur, il n’y aura rien à faire. Vous l’utilisez comme un leurre classique. Pas besoin de le rincer, pas besoin d’enlever la boue. Par contre, si on le perd dans le milieu naturel, il va se dégrader plus ou moins rapidement selon les milieux. Il va se dégrader en petits morceaux, ce qui va donner une surface de contact aux bactéries bien plus grande et donc ça va permettre qu’il se biodégrade bien plus vite.

Donc fini de ramasser les leurres perdus au bord de l’eau intacts ?

Je pense que ce sera plus compliqué, effectivement. Sinon, seulement deux jours ou trois jours après, s’il est perdu dans un endroit pas trop soumis aux vagues et au sable, oui, là il sera toujours bon. Sans agression extérieure, il peut rester quelques jours dans l’eau sans bouger du tout en fait. La biodégradation dépend de la température de l’eau et de l’endroit où on va le perdre. Les stocks de bactéries ne vont pas être les mêmes et donc l’agglomération va se mettre plus ou moins vite en place. C’est d’ailleurs pour ça qu’on ne peut pas, aujourd’hui, parler de durée de dégradation. On commence à être accoutumé dans les normes à dire qu’une dégradation doit avoir lieu en 6 mois. Si l’on suit cette norme-là, une feuille de chêne n’est pas considérée comme biodégradable, parce qu’il va rester toute l’armature, les nervures de la feuille, qui mettent beaucoup plus que 6 mois pour se biodégrader. Donc en fait, sur ces matières, on commence plutôt à regarder la notion de bioassimilation. Même si on le perd dans un milieu naturel, si parfois ça va mettre quelques mois, un an, deux, voire trois, à terme on ne va entraîner aucune pollution plastique résiduelle. Et aussi, sans provoquer d’écotoxicité pendant tout le long du processus. Car on n’en a pas parlé, mais dans l’impact environnemental, c’est important de regarder la biodégradation. Côté biosourcé, c’est assez rassurant, parce que l’on sait que c’est une solution durable, mais aussi, du point de vue écotoxique. Parce que du moment où l’on produit le matériau, où on le transforme et enfin où on le perd dans l’eau, il pourrait devenir toxique pour un organisme dans le milieu où il se trouve. Et là, pour ces matériaux, on n’a pas d’écotoxicité connue dans le milieu marin. Donc, c’est tout un ensemble de petites choses qui font que ce produit aura un impact environnemental le plus faible possible.

Tu nous parles du leurre en lui-même et de sa matière. On constate que vous ne proposez que trois coloris. Y a-t-il une raison précise à cela ?

Il ne possède pas de peinture, parce que même s’il y a des peintures à base d’eau, il reste un revêtement plastique. Il y a des plastiques dans les solvants, donc pas question pour nous de mettre une peinture dessus, également parce qu’il y a certains colorants dans les peintures qui peuvent être écotoxiques. Pour autant, on ne voulait pas faire que la couleur White. Cette couleur-là c’est la couleur naturelle du plastique sans teinture, sans rien. C’est pour ça qu’on n’a pas de coloris transparents. Une des solutions les plus naturelles pour colorer nos leurres, c’est d’incorporer des pigments, soit organiques, soit minéraux et qui ont le qualificatif “alimentaire”. C’est le moins contraignant, parce qu’il serait compliqué de tester chaque matière colorante pour chaque produit vu le coût de ces tests de biodégradation. Ça nous permet de faire plusieurs couleurs. Aujourd’hui, on a donc deux autres couleurs que le White : le White Paper qui est une couleur un peu crème et mouchetée et puis le Noir. 

On va maintenant parler de l’armement. J’ai été surpris par le matériau choisi parce que je savais que c’était utilisé pour des pêches fortes, il me semble pour la pêche au thon (NDLR : et pour les palangres). Il s’agit de l’inox. Et je suis curieux de le voir apparaître pour des hameçons de cette taille. Et puis, je me suis dit :  si ça peut se faire… Pourquoi n’est-ce pas plus souvent utilisé finalement ?

Alors ça, tu peux poser la question à VMC. C’est-à-dire qu’on a repris un de leur modèle d’hameçon simple qui va très bien chez VMC et on leur a demandé du coup de nous faire ça en inox. Pourquoi ?  Parce que les hameçons qu’on utilise classiquement sont en acier et sont traités chimiquement en surface. Et même si VMC fait partie des sociétés qui font très attention justement à la qualité des revêtements qu’ils proposent et à la gestion des eaux de traitement. Cela ne nous paraissait pas assez cohérent sur ce produit. Donc du coup, on est parti sur l’inox. On a demandé ça à VMC pour avoir quelque chose qui soit le plus neutre possible. On est très surpris aussi parce que c’est ultra piquant. On a même l’impression que c’est presque plus piquant que le matériau d’origine utilisé par VMC. Pourquoi est-ce que ce n’est pas plus développé pour la pêche de loisirs? Honnêtement, je ne saurais pas dire, mais je trouve que c’est vraiment intéressant.

Oui d’autant qu’on imagine qu’au niveau résistance à la corrosion, ça doit aussi être intéressant ?

Oui, ça l’est. Cependant, il y a différents types d’inox dans le leurre : l’armature traversante, l’anneau brisé et l’hameçon ne sont pas forcément les mêmes inox. De plus, même si c’est de l’inox, il y a toujours de la corrosion qui finit par apparaître. Il ne faut pas être surpris, si dans la boîte, on voit des petits points de rouille qui apparaissent dessus. Ça part assez facilement et il ne va pas s’oxyder aussi vite qu’un acier classique.

Autre point concernant l’hameçon : Pourquoi le vendre équipé d’hameçons simple ? Ne serait-ce pas un pari un peu osé ?

On l’avait déjà fait avec notre Power Tail mer qui est déjà en hameçon simple. Oui, on s’est pris quelques remarques disant qu’un triple, ça aurait été mieux. En fait, sur les leurres de surface, deux triples sur des poissons comme le bar, le black-bass ou la perche, on blesse beaucoup les poissons sans vraiment prendre plus de touches. En tout cas, dans nos essais, on n’avait pas plus de loupés en hameçon simple qu’en hameçon triple pour ces espèces-là. Donc ça paraissait suivre la logique du Biotop Stick, un leurre à faible impact environnemental. Si l’on veut pouvoir relâcher le poisson en bonne condition et non pas avec un œil en moins ou d’autres blessures, les simples sont de mise. C’est pour ça qu’on a pris le parti de développer ce leurre et de le commercialiser ainsi. Par contre, il y a certaines espèces où l’on est obligé de pêcher en triples. C’est notamment vrai en eau douce, notamment pour le brochet : pêcher le brochet directement en simple, ça se fait, on peut en prendre. Mais le nombre de loupés est plus important. C’est pareil pour des poissons comme les barracudas a priori ou les pélamides. Donc, quand on l’a développé, on a fait en sorte de pouvoir utiliser des hameçons triples. Pour les pêcheurs qui en ont vraiment besoin pour les espèces qu’ils pêchent, et l’on peut le comprendre. On a fait en sorte que cela puisse être toujours équilibré en hameçons triples. Du coup, la seule règle à savoir, c’est qu’il faut utiliser deux simples ou deux triples, pas un simple et un triple, sinon l’équilibrage sera moins bon. Puis, il faut que les deux triples soient de la même taille. Après, peu importe la marque, on a testé avec les hameçons 7554 de VMC, par exemple, qui sont supers bons. Ensuite, il faut choisir sa taille d’hameçon pour qu’ ils ne s’emmêlent pas au lancer. Il faut impérativement choisir 2 hameçons avec la même tailles ! Donc on le commercialise en hameçon simple parce que c’est idéal pour la pêche du bar pour lequel il est d’abord destiné. Même si en eau douce, il est redoutable et si c’est devenu une de mes armes favorites pour la pêche du brochet, même en hameçons simples.

J’ai pêché le brochet en hameçon simple, je n’ai pas vu spécialement de différence…

Ce qui compte, c’est que le pêcheur soit rassuré. Sinon, il  aura du mal à utiliser le leurre. Mais je suis d’accord avec toi moi, maintenant dans mes boîtes la majorité des Biotop Sticks sont en simples et quand je vais pêcher le brochet ça n’empêche pas de les utiliser en simple et j’ai pris de très beaux brochets en hameçon simple sans aucun problème.

Finissons maintenant avec son packaging. Vous avez réussi l’exploit de n’utiliser qu’une feuille de carton. Peux-tu nous expliquer ?

Le cahier des charges, c’était 100% carton, une seule feuille, pas de colle, pas d’agrafes, pas de petit lien ou de petits Serflex pour tenir le produit. Il fallait que tout se maintienne de lui-même. Pourquoi une seule feuille ? Parce que ça facilite le recyclage au niveau des gestions de tri. Tout a été pensé pour faire en sorte qu’au niveau du packaging aussi, on soit le moins impactant possible d’un point de vue environnemental. C’était le projet de stage de Victor, qui est aujourd’hui designer chez nous. Il a passé trois mois sur le pack. Le temps qu’on trouve l’idée d’où aller, qu’on l’ajuste, qu’on la mette au point, c’était trois mois de boulot. Donc c’est vrai que c’est une belle réussite. On est assez fier aussi du pack.

Et concernant la fabrication du leurre ? 

Il est fabriqué en France, en Bretagne. C’était un vrai challenge de fabriquer un leurre dans notre région afin de préserver le circuit court.

En effet, tu parles d’un challenge, ça l’est.  Le revers de la médaille, parce qu’il y en a un, ça va être le prix…

Oui le prix, on en parle beaucoup. On a tout fait pour essayer de rester sur un prix plutôt abordable et plutôt raisonnable par rapport au marché du leurre de surface haut de gamme. On est à peu près dans les mêmes fourchettes de prix. Donc, ce qu’il faut voir, c’est qu’effectivement on utilise des matières qui sont très dures à travailler, des matières qui sont beaucoup plus chères que l’ABS classique et qui sont aussi très sensibles et extrêmement dures à travailler. Pour utiliser des matières plastiques, il faut les chauffer pour les faire fondre, puis les injecter dans un moule. Pour ces matières-là, il faut que l’injection soit calibrée vraiment au degré près, faire très attention aussi au taux d’humidité dans l’air, dans le matériau plastique avant l’injection, pour assurer qu’on ait une matière qui donne un leurre qui soit solide et qui soit parfait. On n’en a pas parlé aussi, mais on a choisi des billes de verre pour faire les yeux. Pour insérer deux billes de verre dans deux coques et qu’au moment de la soudure, elles ne viennent pas s’entrechoquer et finir en miettes à cause des ultrasons, ça a été très compliqué. Tous ces petits détails-là font que le fabricant français est beaucoup mieux parce qu’on a un vrai savoir-faire. Ça nous aide à le réaliser, mais on arrive à un produit qui reste assez cher. Aujourd’hui, on est autour de 30 euros, c’est élevé, on en est conscient, mais d’un autre côté, on est quand même assez fier d’avoir réussi à proposer un tel produit à ce prix-là.

Je pense que j’ai fait le tour de toutes les questions que j’avais à te poser. Est-ce que tu aurais quelque chose à rajouter là-dessus? Pourrais-tu nous dévoiler des pistes sur les suites du Biotop ?

Si tu me lances là-dessus, on va parler pendant des heures (rires). On a beaucoup parlé de l’impact environnemental du leurre, mais je voudrais quand même juste revenir sur le fait qu’on a surtout développé un leurre de surface pour pêcher. On n’a pas voulu faire juste un démonstrateur de faible impact environnemental. On a vraiment travaillé pour qu’il soit facile à lancer. On a développé un leurre pour qu’il soit facile à animer, parce qu’au début, pour un débutant ce n’est pas forcément facile de prendre en main un leurre en walking the dog. Grâce au concept des billes de verre et de son équilibrage qui lui donne de l’inertie, la moindre énergie qu’on va lui donner va le faire nager facilement. Donc c’est un leurre qui est facile à animer, qui accepte différentes vitesses de récupération et différentes vitesses d’animation aussi. On peut avoir un tempo vraiment précis comme sur certains leurres. C’était aussi une forte volonté de notre part de faire un vrai bon leurre de surface. Donc ça, c’est la petite chose sur laquelle je voulais insister un petit peu. Parce que oui, on a réussi à faire un leurre à faible impact environnemental, mais je pense aussi qu’on a réussi à faire un très bon leurre d’un point de vue pêche. 

D’ailleurs, tu nous le disais, vous êtes partis du leurre pêchant et vous y avez greffé le concept biodégradable et biosourcé. 

Voilà, c’était ça la base du travail. Après maintenant, je peux vous teaser un petit peu sur ce qui arrive ensuite dans cette famille-là… On travaille sur de nouvelles couleurs, on travaille sur de nouvelles tailles. Donc on va travailler sur un plus petit et un plus grand. Je vais vous montrer les protos ici en exclu :

Ce sont des projets sur lesquels on est bien avancés. Actuellement, on est en train de voir pour faire réaliser les moules d’injection pour pouvoir faire de vrais prototypes. On va continuer de travailler sur cette gamme Biotop, continuer de développer cette technologie-là et puis continuer d’apprendre à devenir producteur de leurres aussi. Parce que c’est quand même un leurre qui est assemblé chez nous. C’est un nouveau métier pour nous, on était développeurs et distributeurs. Là, on devient aussi fabricants grâce à ce produit. Donc je pense qu’on va grandir avec cette nouvelle technologie et qu’il y aura pas mal de projets à venir là-dessus dans les années à venir.

Je te remercie pour toutes ces infos. Un dernier mot sur ce gros projet?

Oui exactement, c’était un gros projet. Comme je l’ai dit, on l’a lancé en 2018, on a investi beaucoup beaucoup d’argent, beaucoup de temps dans ce projet-là. C’est des projets que l’on a pu réalisé notamment ces dernières années, parce qu’on a été soutenu par la région Bretagne et BPI France. Ils nous ont donné une subvention pour nous aider à développer ça. À un moment, on n’était pas loin d’arrêter le projet parce que c’était compliqué, les investissements étaient très importants. Donc c’est un projet de développement qui nous est revenu, je pense au moins dix fois plus cher qu’un projet de développement de leurre classique. Donc on l’a fait parce qu’on a envie d’aller vers ça, parce qu’on pense qu’on a les compétences pour le faire. On est petits, indépendants et l’on arrive à bien s’en sortir, donc c’était à nous de le faire pour que ça bouge. Mais effectivement nous soutenir en l’achetant, en l’utilisant et en nous faisant des retours pour nous aider à continuer de développer ces choses-là, c’est la meilleure façon de nous encourager à continuer.

Merci Louis, à bientôt pour le test du leurre !

Merci beaucoup encore. S’il y a des questions qui reviennent par commentaire ou autre, on verra pour essayer d’y répondre. En tout cas, ce sera avec plaisir que je pourrais donner plus de détails sur ce produit et sur ces nouvelles matières.

Conclusion : 

Le Biotop Stick est pour Fiiish l’aboutissement d’un projet complet qui propose une solution novatrice aux pêcheurs soucieux de limiter leur impact sur l’environnement. Pour ce faire, ils ont fabriqué leur propre leurre avec des matériaux produits en France. Le test technique de ce leurre sera prochainement disponible sur Fish and Test, mais vous pouvez déjà le trouver en vente chez nos partenaires:

Laisser un commentaire