Introduction
Les leurres durs sont particulièrement présents dans la pêche aux leurres. Au point de développer une forme de fétichisme qui a tendance à occulter d’autres leurres pourtant tout aussi efficaces. Avec des formes et des actions de plus en plus variées et des prix allant de 5 à 200 €, il peut être difficile de choisir les modèles qui nous seront utiles et à quel prix.
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Les caractéristiques :
Le corps :
C’est la première chose à regarder dans un poisson nageur, sa silhouette sera en effet la première chose perçue par le poisson et elle aura une forte incidence sur la nage et les vibrations émises dans l’eau. On distingue principalement deux formes assez reconnaissables :
Les minnows : c’est la forme la plus fréquente. Une silhouette longue, avec ou sans bavette plus ou moins comprimée sur les flancs. Ils tirent leur nom des alevins qu’ils imitent à l’origine et sont devenus entre autres les jerkbait minnows, les stickbaits, etc.
Les shads : légèrement plus trapus, ils ont été conçus pour imiter les petites aloses des grands lacs intérieurs d’Amérique du nord particulièrement appréciés par les black-bass. Ils sont à l’origine de la famille des crankbait shads et des lipless crankbaits entre autres.
Ces formes sont ensuite divisées en familles selon leurs nages et leurs densités. Nous détaillerons dans le deuxième chapitre ces familles et leurs principales caractéristiques.
La nage :
La nage ou l’action des leurres durs est imprimée soit par une bavette qui fait office de déflecteur, soit par les turbulences hydrauliques dues à la silhouette du leurre. Les bavettes sont donc un indice de la nage possible et de la profondeur de nage : une bavette courte entraîne le leurre dans les couches superficielles, une bavette longue peut l’emmener dans les profondeurs jusqu’à plusieurs mètres. La largeur est également importante puisqu’elle est liée à l’amplitude de la nage, ensuite les différentes formes donnent des actions plus ou moins caractéristiques. L’épaisseur de la bavette lui confère sa solidité (attention aux bavettes trop fines et donc fragiles) mais elle influence aussi grandement la nage. Les leurres sans bavette sont eux entraînés par leur hydrodynamisme. La position de leur(s) attache(s) est très importante et leurs silhouettes leur donnent leur comportement lors de l’animation.
les lests/billes :
En plus de leurs différents mouvements, les leurres durs peuvent être équipés de billes bruiteuses ou autres systèmes sonores pour faciliter la localisation du leurre et déclencher l’agressivité ou la curiosité des carnassiers. En fonction de leur taille, quantité et position, elles émettent des sons de fréquences et de volume très différents. Leur densité peut également permettre d’équilibrer le leurre dans sa nage et pour les leurres “silencieux”, des lests fixes les remplacent. En plus des billes d’autres éléments peuvent émettre des vibrations tantôt discrètes, tantôt importantes. Par exemple, les articulations sont à l’origine de sons métalliques assez bruyants pour les poissons de même que la rencontre des segments qui peuvent s’entrechoquer. L’armement lui aussi avec ses anneaux brisés contribue de manière remarquable à la sonorité du leurre et également à son équilibrage grâce à leur position.
L’armement :
Comme évoqué précédemment, si la fonction première de l’armement est de pouvoir piquer et ramener le poisson, Il se trouve que la densité et le poids des hameçons ont un impact non négligeable sur l’équilibre et la densité totale du leurre. Cet armement est très souvent constitué de plusieurs triples pour optimiser les chances de piquer les gueules dures des carnassiers. On en compte deux la plupart du temps, voire trois pour certains leurres destinés à la pêche en mer ou au black-bass (Attention! La réglementation interdit souvent l’usage de plus de deux triples par ligne, veillez à respecter la réglementation en vigueur). Il est possible de modifier cet armement pour plusieurs raisons:
-Écraser les ardillons pour décrocher plus facilement vos prises et limiter la gravité des accidents possibles…
-Augmenter la qualité de l’armement ou changer des hameçons abîmés/oxydés.
-Adapter la taille des hameçons aux poissons recherchés.
-Passer en simples ou diminuer le nombre d’hameçons pour limiter les risques de blessures inutiles.
-Modifier la nage, en particulier en augmentant la taille de l’armement ventral et en diminuant celui de queue.
-Adapter la taille des hameçons aux poissons recherchés.
L’armement étant un facteur important dans le coût d’un leurre, sa qualité est également très variable et peut poser problème sur des leurres à bas prix. Les anneaux brisés peuvent aussi montrer des faiblesses en particulier par rapport à l’oxydation voire de résistance à l’ouverture.
Les couleurs :
La conception des leurres durs permet de développer des coloris d’un réalisme bluffant autant que les plus inattendus dans le milieu. Étant donné les quantités et l’intensité des signaux émis autres que visuels, les coloris sont moins importants que pour les leurres souples par exemple. Au vu des prix des poissons nageurs, il est difficile de couvrir une large gamme de coloris pour chaque modèle. Il est donc parfois nécessaire de bien identifier les conditions d’utilisation afin de sélectionner un ou des coloris efficaces. Il faut choisir ses coloris en fonction des vitesses d’animations, les pauses possibles, la couleur de l’eau, les poissons fourrages disponibles, des poissons visés, etc.
La taille :
En fonction des proies imitées et des espèces visées, les leurres durs peuvent être de tailles variables de 3 cm pour la perche ou la truite à 30 cm pour les brochets ou silures. La saison est très importante dans le choix de la taille du leurre mais aussi la taille des poissons espérés : La théorie du big baiting vise à sélectionner les poissons de belles tailles en présentant de gros leurres. À l’inverse, le down sizing vise à diminuer la taille des leurres afin de contourner la méfiance des poissons à l’égard du leurre. La taille moyenne des leurres les plus couramment utilisés tourne autour de 10 cm.
La densité :
La différence de densité entre le leurre et l’eau le rendra flottant, coulant ou neutre (suspendu ou suspending). Cette densité permet tout d’abord de pêcher plus ou moins profondément à la descente du leurre pour les modèles coulants ou de marquer des pauses pour les leurres suspending. Les leurres les plus denses sont plus durs à entraîner du fait de leur inertie plus importante, ils auront une nage moins ample que leurs homologues mais ils pourront être ramenés plus vite, ce qui est efficace sur certains carnassiers comme la truite, la perche ou l’aspe.
Les grandes familles de leurres durs :
Les jerkbait minnows :
De forme allongée et présentant une petite bavette, les jerkbaits sont parmi les poissons nageurs les plus couramment utilisés. Leur forme et leur bavette les destine à une nage saccadée entrecoupée de pauses pour imiter la fuite d’un alevin. Ils sont déclinés dans toutes les densités pour servir dans différentes configurations et on peut en trouver de 3 à 18 cm selon les espèces ciblées. Leur forme et leur animation tendent à favoriser le choix de coloris imitatif proche des proies rencontrées par les carnassiers. Leur déclinaison à grande bavette pour atteindre une certaine profondeur est appelée longbill minnow. Certains jerkbaits ne présentent pas de bavette ils peuvent alors être assimilés à des stickbaits coulants.
Les crankbaits :
Les crankbaits sont des leurres de réactions. Leur silhouette trapue leur donne une nage plus régulière qui leur permet d’être utilisés pour des récupérations plutôt linéaires. Souvent associés à une densité faible qui les fait flotter lors des pauses, les animations entrecoupées d’arrêts leur permettent de travailler dans différentes hauteurs de la couche d’eau. Souvent très bruiteurs ils peuvent attirer les poissons de loin. Leur présentation permet des utilisations de coloris flashy pour susciter l’intérêt des carnassiers. Les cranks sont souvent de taille relativement modeste de 5 à 8 cm.
Les lipless :
Ces leurres ont la silhouette comprimée sur les flancs avec l’attache située sur le haut du corps. La plupart du temps très denses et donc coulants, ils permettent des animations vives en dent de scie et sont également souvent remplis de billes. Comme les crankbaits se sont des leurres de réaction et donc ils peuvent être présentés dans des coloris flashy. Ils sont capables de pêcher très profond, là où peu de leurres durs peuvent être présentés. Leur taille est également généralement petite mais quelques marques proposent de gros lipless de 10cm ou plus destinés aux brochets ou aux silures.
Les stickbaits/poppers :
Les stickbaits sont connus pour être flottants dans la grande majorité des cas. C’est une de leur utilisation première, associée à une animation très caractéristique. Elle est imprimée par des coups de scion, donnés en cadence de sorte que le nez du leurre soit entraîné de droite à gauche, donnant au leurre une nage en zigzag appelée walking the dog. On peut associer aux stickbaits les poppers dont l’extrémité est plate afin de crever la surface lors des tirées pour donner leur “pop” caractéristique. Les stickbaits peuvent être également coulants, il sont alors plus rares à pouvoir être animés en walking the dog et se rapprochent alors dans leurs utilisation des jerkbaits. Une nouvelle famille de stickbaits a fait son apparition récemment sur le marché européen : les proppler bait, des leurres à hélice qui s’avèrent redoutables pour les pêches d’été et d’une facilité d’utilisation déconcertante.. Pour tous ces leurres, tous les coloris sont envisageables. Leur présentation en surface permettant de jouer avec les contrastes et les jeux de brillance/transparence de manière plus subtile que pour n’importe quel autre.
Les swimbaits :
Conçus à l’origine pour pêcher le black-bass, les swimbaits sont des leurres segmentés de 2; 3; 4 segments ou plus. Leur nage sinueuse très évocatrice tend à occulter le vacarme des claquements entre les différents éléments, plus ils sont nombreux plus ils seront bruyants mais ne sous-estimez pas la sonorité des swimbaits à deux éléments qui claquent à chaque changement de direction. La complexité de leur assemblage les destine principalement à de gros leurres pour le brochet ou le black-bass (souvent 15 à 25 cm) . Étant donné leurs fortes vibrations ils peuvent être associés à des coloris flashy. Même avec des densités importantes leurs animations les maintiennent proche de la surface à moins de les plomber à l’aide de lests supplémentaires pour les entraîner plus profonds.
Les jerks :
Les Jerks sont issus d’un abus de langage les confondant avec les jerkbait minnows. Pourtant si ces leurres peuvent être animés par des tirées rapides et amples que l’on désigne habituellement par “jerk”, leur animation de prédilection se rapproche du walking the dog associé aux stickbaits et se décrirait plus précisément par une répétition de “twitches” successifs (brefs coups de scion). On retrouve dans cette appellation commerciale les pull baits (leurres à tirer) et les glide baits (leurres glissants). Ce sont des leurres souvent comprimés sur les flancs et relativement hauts pour augmenter leur incidence dans l’eau. Ils n’ont pour la plupart plus de bavette bien que certains la conservent ou la retrouvent pour varier les présentations et revenir à cette animation de “jerking”. Si leur animation permet d’exploiter au maximum leur sonorité à l’aide de grosses billes, les modèles silencieux ont aussi leur efficacité. Là encore les coloris flashy peuvent être de mise. Les densités de ces leurres varient de coulant à neutre voire plus rarement flottants ils restent tout de même relativement proches de la surface lors de leurs animations dans la plupart des cas.
Conclusion :
Il aurait été possible d’être plus exhaustif, mais après avoir lu ce guide vous voilà déjà devenu un expert des leurres durs. Leurs nages et leurs présentations n’ont plus de secret pour vous et vous pourrez mieux appréhender leurs usages et leurs intérêts pour vos pêches.
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